dimanche 27 octobre 2013


Samedi 12 octobre


Train en retard. Rendez-vous à Bruxelles, la capitale. Capitale de ce si jeune et petit pays. Bruxelles, capitale d'une si jeune et grande union. Rendez-vous dans ses entrailles, de l'autre coté du miroir. Près d'un million de personnes à se presser dans les rues, dans le métro, dans la vie. Tout ce bruit, fort ou silencieux sous un soleil timide. Le ciel hésite, il fait ni froid ni chaud, un compromis bien belge. Belge: bière, chocolat, frites, moules, flamands, wallons, Philippe, spéculoos, Stromae, les Diables. C'est comme le descriptif d'un produit sur un étalage. L'identité, disent-ils. En Belgique y a des blancs, des marrons, des voilées et tous ces mondes se côtoient, parfois dans l'ignorance. À force de le savoir, on l'oublie. C'est ça, cet agrégat  bouillonnant d'univers hétéroclytes qu'on est venu vivre de l'intérieur. Dans le puzzle des identités, au sein d'une même nation, d'une même ville. Source de peurs, de richesses. C'est la double face de l'Europe . Nouveau? Non! Depuis  longtemps les races, les ethnies ont traversé ce continent, ces mélanges ont façonné l'Histoire du vieux continent. Les mongols, les turcs, les arabes. L'Europe a toujours été  le berceau d'un brassage de cultures diverses surtout aux grandes heures du commerce. Aujourd'hui, rien n'a réellement changé pourtant c'est ce qu'on croit. On pense que l'on a le monopole de l'altérité. On pense que notre monde a changé parce qu'on croise des femmes voilées, des femmes tressées, des gens d'un autre monde. Ils on leur coutume, leur routine, leur langue, leurs quartiers. Un pays dans  ce pays pourtant on doit vivre ensemble, ils sont belges aussi. On a commencé par les  Marolles, vu le Recyclart. On est passé dans un marché bio. Voilà d'autres gens qui vivent différemment, ils refusent les codes en vigueur et choisissent les leurs pour un monde meilleur ou en tout cas un meilleure vie. Pour freiner un peu dans ce monde de fous. Parce qu'on peut vivre autrement, il le faut même, parait-il.  Direction la place du jeu de balle avec mille objets et leurs mille histoires. Puis le palais de justice. Tout nous semble si injuste tout le temps comme les carcans  sociaux , les discriminations mais ca n'a rien avoir et le juge fait de son mieux. Devant la loi au moins, nous sommes tous égaux.  On passe devant L'avenue Louise, balade habituelle de la jeunesses aisée et sans transition, on arrive dans"les quartiers". C'est moche et sale mais ca vit. Matonge, ce qu'on dit être l'Afrique. C'est pourtant moins qu'un échantillon. Le repas est frugal à l'instar de la générosité de l'Homme noir -pour continuer à faire dans le cliché. On prend le temps, on est bien. On a du mal â croire qu'on a juste pris le train. Ce continent artéfact, cette virtualité nous embarque quand même. Ce n'est pas l'Afrique, c'est la tentative approximative de s'en rappeler  de ceux qui ont le mal du pays mais qui pourtant ne rentrerait pas pour un sous. Gronde parfois en choeur avec la musique, la colère des débats. C'est la débrouille ici- bas. Ce ne sont pas des marginaux, des laissés pour compte. Pas besoin de pitié. Belges ou en phase de le devenir, ils restent noirs et le blanc reste l'intrus, l'oppresseur, le malvenu. Pour certains, cela va de soi.
Qu'ils rentrent chez eux? Nés ici, ils ont  vécu ici, ils ont tout construit ici. Où iraient-ils qui soit plus chez eux? Quand est-ce qu'on est belge légitimement à vos yeux? Belges, comme toi, ils le sont. Eux, "les autres". Sur les papiers, oui, ils le sont. Comme Lukaku que tout le monde aime parce qu'il marque des buts. Mais eux, ce sont des étrangers inconnus. On parle de Belgicains, peut-être qu'un jour on dira Afro-belges comme on dit Afro-américain. Il est d'ailleurs incompréhensible de dire ça sans préciser Blanc-américain  parce que les vrais, les purs ( je le souligne pour satisfaire les fans du "pure souche" et d'une certaine "eugéniepathie") eux, ils sont rouges comme l'argile.
Enfin la Mosquée, ce tapis vert, cet espace et ce silence sont si paisibles. L'imam nous accueille.  Il nous parle. Tentative de persuasion? "Nous sommes musulmans mais pas violents, ni meurtriers. Le Coran n'est pas un livre de sang. Évolution et conclusion de votre culture judéo-chrétienne."Voilà ce que j'ai cru lire entre les lignes. Et nous sommes là, avides de connaitre cet"autre" dont on parle trop ces temps-ci. Cet autre qui fait partie des statistiques, cet autre, différent, qui est ici, près de chez vous. Cet autre belge puisque la loi lui donne le même nom qu'à vous.


Rais ´ pour le  Kpi