S9 - Semaine de lutte contre le racisme et la xénophobie
Comme un être normal, j'ai regardé les infos et lu les journaux, passivement. Juste pour savoir, en parler et montrer que je sais aussi. Toutes ces conversations qui parlent du monde qui va mal et commencent par un long soupir de lassitude "aaaah le monde ..""aaaah la société". Le tout est d'avoir entendu et vu et continuer à vivre puis s'interrompre le temps d'une discussion pseudo-philosophico-politique et parler avec mélancolie de ce qui se passe autour de nous. Nous sommes tous pris d'idéaux soudains, d'indignation et d'une mélancolie qu'affectent les intellectuels auto-proclamés que nous sommes chacun, détracteur intransigeants de ce siècle fou. Et chacun y va de ses réflexions dans un débat qui n'en est pas un puisque chaque gladiateur verbal est persuadé d'avoir raison et ne désire qu'une chose: convaincre l'autre. Ainsi ça commence dans le calme, puis la tache semble plus compliquée à mesure que le temps passe, l'autre ne lâche pas le morceau-pire- parvient parfois à nous faire douter et là, dictés par autre chose que le désir d'imposer notre idée, nous sommes conduits par l'orgueil. Tout se termine en une lutte d'égaux chaotique et peut-être même en une thérapie psychanalytique durant laquelle, vexé de découvrir que nous ne sommes pas convaincants, on profite pour faire rejaillir les vieux reproches.
Le nouveau débat qui fait un tabac en ce moments ( ou peut- être est-ce enfin déjà démodé? je l'ignore) c'est le port du voile. Avant, si vous n'avez pas suivi c'était: l'avortement, facebook ( on n'avait rien d'autre à se mettre sous la dent à l'époque à part les conneries de Sarko qui nous manquent et les frasques de Paris Hilton).
Le voile, un bout de tissu. C'aurait été un châle, un foulard ou que sais-je, il n'aurait pas eu autant de succès. Et c'est parti pour la surenchère d'âneries, d'étalage de culture entre le défenseur de la liberté et le défenseur de la démocratie. Car la démocratie est devenue totalitaire ou c'est la liberté qui est tyrannique , j'ai oublié, je confonds beaucoup de choses vous savez. Du voile, on glisse sur l'islam, on cite même le Coran pour prouver au Monde comme ces gens sont des barbares. Le prophète lui-même y passe, ausculté par les jouteurs les plus zélés. Sa vie est passée au peigne fin. Ces multiples unions sont censées discréditer cette religion qui malmène Justin Bridou. On parle d'identité. Voilà. Le mot sacro-saint censé légitimer les propos les plus absurdes, ce copier-coller nauséabond et ces avis prêts à porter, entendus et colportés, sans fond. L'identité c'est la Chrétienté. Le petit Jésus n'a jamais eu autant la quote! Autant l'a-t-on remballé lui aussi avec toutes ses règles qui entravaient notre liberté de pécher et de pêcho, tout ces dogmes basés sur la plus grosse arnaque que serait la Bible. Autant le culte catholique a été moqué par tous les êtres dits rationnels et scientifiques qui ont découvert et annoncé que le Christ n'avait pas pu marcher sur l'eau ( clap clap hein Bravo, je dis Braaa-Vo! Brillant!) que la femme d'Abraham ne pouvait pas accoucher aussi tard. Autant le pape a été diabolisé par son intolérance à l'égard des pédés et de la capote ( quand même ce vieux chnoque qu'est-ce qu'il y connait?) autant TODAY, aujourd'hui nous sommes chrétiens et merde. Les maures doivent rentrer chez eux ou se faire discret sauf Père Fouettard parce que celui-là "il n'est pas comme les autres".
La limite entre ce qu'on peut dire et ce qu'on ne peut pas dire est floue. On tangue dangereusement entre le politiquement correcte soit la virtuosité de manier les euphémismes pour masquer une pensée crue et non avenue et la liberté d'expression. Je n'ai jamais vu une doctrine aussi prolifique et populaire que celle concernant nos droits. Le peuple est un juriste né. Peu importe ce que dit véritablement la loi, les droits fondamentaux sont entrés dans le vocable commun, vulgarisés, ils ont perdu leur sens. Passe-partout protecteur car légitimant voire légalisant dans l'imaginaire des moldus ( ceux qui n'ont jamais ouvert un code) la rébellion contre la tolérance.
Rébellion totale? Non, c'est là qu'on s'y perd. D'un coté on crie à l'identité bafouée par l'immigration et ses coutumes miteuses et d'un autre, on effectue mille pirouettes pour éviter d' appeler un chat un chat. Un noir devient black sinon les uns montrent les crocs et les autres palissent. La race c'est comme les histoires d'argent entre proches, c'est tendu d'en parler. Parler des autres autres races, les colorés quoi. Parce qu'un blanc mérite qu'on soit raciste envers lui. Il l'a bien cherché: esclavage, colonialisme, shoah, skinheads, kkk, aparteid, néozisme ( casier judiciaire plus lourd que celui de Booba. Qui est la racaille maintenant?Il a bien fait chier son monde et plutôt que de la mettre en sourdine, lui, le conquérant méprisant, méprisable et sans âme continue à discriminer? Mais quel culot! Il existe des fautifs nés, des victimes nées et cela change le cours de toutes discussion, pourrit l'interprétation de chaque geste et chaque mot doit être filtré.
Alain Delon est raciste, Guerlain est raciste, Hergé est raciste, Galiano est raciste, Dieudonné est raciste. Sanction? Amende, prison ou pire boycott social. Malcolm x est un héros parcontre et personne n'osera dire qu'Anne Franck n'était qu'une adolescente écervelée, béatifiée cependant par le rituel morbide de la mémoire. Mais si elle n'avait pas eu cette mort atroce, franchement...
Nos rapports deviennent compliqués: entre le ressentiment, les clichés... Le racisme est une tare ( génétique) honteuse pour certains, l'expiation respectable d'un traumatisme historique ( génétique?) pour d'autres.
Il est là, ce principe avec ce qu'il a de nauséabond. Entre banalisation et indignation, on ne sait pas trop où il commence et selon les rapports et l'aisance que l'on a avec l'altérité on tombe dans l'un ou l'autre extrême pour un oui ou pour un non. Il y a beaucoup de malaise dans cette affaire, beaucoup d'hypocrisie, beaucoup d'amalgames, d'exagérations aussi. Actuel? C'est sur que ça l'est!
Entre Taubira qui doit manger sa banane ( la pauvre, on ne sait même pas si elle aime ça ou si elle préfère les cacahuètes), la ministre italienne qui reçoit son buste couvert de peinture rouge comme dans les films signe d'une haine cependant moins fictive, et nous en passons, le racisme est là. Dans toutes cette légitimation des revendications identitaires, cette tolérance de tous les caprices de la peur. On vote Le Pen par ras-le-bol, l'aube dorée à cause de la crise etc.. C'est effrayant de se dire que l'on peut justifier ce qui ne l'est pas. C'est effrayant de se dire qu'entre le racisme tel qu'on le ressent et le racisme définit par la loi, il y a une marge. Il y a des choses blessantes que l'on peut dire ou faire parce qu'on se situe encore dans le domaine de tolérance du droit. Peut-être que c'est mieux ainsi parce que sinon, on ne s'en sortirait pas. C'est effrayant de se dire que la France, le pays des idées , des lumières, des droits de l'Homme et j'en passe ( la France est l'abréviation d'un nom et tout dire, ce serait comme présenter un espagnol entièrement. Navré pour les chauvins buveurs de vin et amateurs de grande gastronomie.) les dérapages sont nombreux y compris dans la classe politique.
Sommes-nous mieux lotis en Belgique? Je dirais que pour savoir ce qu'un raciste il faut savoir ce qu'est le racisme. Souvent la tolérance est un sourire jaune, une blague dite sous cape, un racisme sélectif. Et la société fait peau neuve et pour montrer qu'elle change on nous tanne avec Obama mais qu'en est-il du coeur des gens? C'est autre chose. Il y de l'évolution: il y a des choses qu'on ne peut plus dire ou faire ouvertement mais l'éducation garde les rênes sur la question. Disons que les mœurs changent mais il reste un substrat bien solide du racisme. Mon grand-père s'est fait viré d'un café quand il était étudiant, juste parce qu'il était noir. Je suis étudiante â mon tour et ces choses n'arrivent plus. On se côtoie depuis un bout de temps mais il existe des barrières entre les gens, l'image joue un rôle important et les généralités se font plus rapidement dans le négatif que dans le positif. Il existe encore un sentiment de supériorité ou d'infériorité de part et d'autres qui s'exprime de diverses manière avec plus ou moins de violence. Surtout, une génération entière issue de l'immigration ne sait plus se définir et a le cul entre deux chaises. L'identité d'emprunt et l'identité originelle qu'on recrée approximativement comme refuge se confrontent pour aboutir à la construction ou la déconstruction d'une idée du "je" dans une société donnée. Entre assimilation et rejet.
La perversion des préjugés résident en ce que ses cibles finissent pas l'enfouir dans leur conscience et leurs actes en devient une traduction maladroite.
Combien de blacks ne m'ont jamais dit: "le ski c'est pour les blancs, le golf c'est pour les blancs, le violon c'est pour les blancs, la rando et le rock aussi en gros sache jerker et tais-toi, tu es un pondu". Ca m'énerve au plus haut point ces clichés, pour moi c'est vraiment se cantonner à une identité fictive. Ce que je voulais dire par là, c'est qu'on choisit qui on est et on participe souvent de l'image q´on nous renvoie. Nous sommes tous responsables des préjugés. Autant ceux qui les ibatissent que ceux qui les servent sans s'en rendre compte en ne s'en affranchissant pas pire en faisant un versant de leur tradition culturelle. Parce que ce qu'il y a de navrant dans les exemples ci-dessus c'est que ces phrases fondées sur l'idée d'une inaptitude factice ou autre d'une certaine catégorie de personnes en raison de leur race deviennent des fondements culturels érigés en héritage par ces mêmes races. Toute cette perversion ressort dans le "c'est un truc de blanc, c'est un truc de noir".
Heureusement que tout n'est pas d'une gravité extrême et qu'on peut en rire de soi et des autres de tant en tant (hum pas trop, un blanc qui m'appellent négro c'est tout mal pour lui). Les noirs et leur poulet, les chinois et leur taille, les arabes sont cleptomanes et heureux chez Aldi... Bref, les blagounettes entre collègues, les petites bulles d'humoristes ( ces fous du roi qui peuvent dire ce qu'ils veulent en se cachant derrière le second degré). Et si ça va trop loin, se dresse le feu rouge de la bienséance, la censure des bienpensants mais c'est basé sur des critères flous élargit ou restreint selon le droit qu'on défend. Le véto du politiquement correcte ne change pas les esprits, il les réduits juste au silence. Que voulons-nous comme tolérance? L'apparence de la tolérance ou la tolérance. Nous ne sommes que des images réduits à la malédiction du paraitre alors qu'est-ce que ça change?
On peut confiner à supprimer les mots, ça donne bonne conscience, ça ne demande pas une grande prise de risques. Il n'y a pas plus de race. Il n'y a plus de racisme. C'est un match nul, personne n'a gagné ni perdu.
Nous on a fait nos trois jours de lutte contre la gravité des idées reçues: un quizz inter culturel, une projection de film ( The Help) et une conférence. Les deux premières ont eu plus de succès que la dernière et pourtant cette dernière a été un véritable moment de réflexion que j'ai tenté de partagé au-dessus avec vous.
Raissa M'bilo pour le Kpi